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Intervention de l’Etat sur le marché du travail : Quelle efficacité ?‎
  
   

التاريخ : 28-12-2021 مطالعات : 3357

Par : Dhouha NASRI*

La stratégie nationale pour l’emploi 2013-2017 a été adoptée et ratifiée par le ministre de la ‎formation professionnelle et de l’emploi en décembre 2012.Elle s’articule autour de trois axes : la ‎promotion des petites entreprises et le développement des compétences nécessaires pour ‎satisfaire les besoins de secteurs en pénurie de main-d’œuvre(2013), la réalisation d’une légère ‎baisse du taux de chômage(2015) et l’adoption d’un programme d’emploi établi conjugué à ‎l’amélioration du niveau de productivité(2017). Si l’on tient compte de budget temporel alloué à ‎cette stratégie, on se rend à l’évidence qu’elle est très ambitieuse et difficile à mettre en œuvre ‎en raison de la faiblesse du taux de croissance, du gouffre abyssal qui existe entre le produit de ‎système éducatif et les exigences du monde professionnel et aussi du nombre élevé de diplômés ‎de l’enseignement supérieur qui déferlent sur le marché du travail chaque année. Cette stratégie ‎est appuyée par un cadre institutionnel très dynamique qui réunit plusieurs institutions opérant ‎sous les auspices du ministère de la formation professionnelle et de l’emploi. On y trouve ‎principalement l’agence nationale pour l’emploi et le travail indépendant ANETI, l’observatoire ‎national pour l’emploi et les qualifications ONEQ, le fonds national de l’emploi FNE et la banque ‎tunisienne de solidarité BTS. Ces institutions sont les bras de l’Etat dans le cadre de sa veille sur le ‎marché du travail et la lutte contre le chômage. L’importance des ressources allouées à la stratégie ‎nationale pour l’emploi montre l’existence d’une volonté politique pour améliorer l’employabilité ‎et gérer efficacement le capital humain. Mais tous ces efforts consentis ont-ils apporté leur fruit ? ‎Personne ne saurait répondre à cette question à la lumière de la persistance du chômage, de ‎l’explosion des emplois précaires et de la migration des jeunes à l’étranger à la recherche d’un ‎emploi décent.

Programmes actifs du marché du travail : Quel bilan ?‎

Pour faire face au chômage structurel, l’Etat a mis en place plusieurs programmes actifs du marché ‎du travail PAMT par le biais de l’ANETI. Deux types de programmes ont été conçus : le premier est ‎consacré à la formation et à l’intégration des demandeurs d’emploi dans la vie professionnelle, et le ‎deuxième vise à promouvoir le travail indépendant et la création des petites entreprises en ‎fournissant des fonds pour l’entreprenariat. D’après le rapport annuel de l’ANETI pour l’année ‎‎2018, le nombre des bénéficiaires du contrat SIVP(1)(stage d’insertion à la vie professionnelle) est ‎passé de 58 799 stagiaires en 2017 à 61677 en 2018,soit une augmentation de 4.9%.Quant au ‎nombre des bénéficiaires de contrats CIDES(2)(contrat d’insertion des diplômés de l’enseignement ‎supérieur) et CAIP(3)(contrat d’adaptation et d’insertion professionnelle), il est passé ‎respectivement de 104 à 109 et de 39881 à 41333 contrats entre 2017 et 2018.Le nombre des ‎bénéficiaires de contrats SCV(4)(service civile volontaire) et Karama a atteint respectivement ‎‎20964 et 34968 contrats en 2018. Il ressort des statistiques officielles que plus de 80% de ‎bénéficiaires de ces mesures d’incitation à l’emploi sont des jeunes titulaires des diplômes ‎spécialisés en sciences technologiques, lettres et sciences humaines ,droit et gestion. L’analyse ‎sectorielle de la répartition de bénéficiaires de ces contrats montre que le secteur des services ‎présente plus de 72% des actifs occupés, suivi par l’industrie manufacturière avec plus de 15% et la ‎construction et les travaux publics avec plus de 3%,à l’exception du contrat CAIP où on peut ‎constater que le secteur de l’industrie manufacturière accapare environ 35% de travailleurs contre ‎‎40.7% pour le secteur de service en raison de la nature des activités qui ne nécessitent pas des ‎grandes compétences mais simplement une main d’œuvre non qualifiée. Toutefois, ces mesures ‎restent insuffisantes, et elles ont prouvé leurs limites aussi bien pour les jeunes diplômés qui ‎n’arrivent pas souvent à acquérir les compétences requises pour le marché du travail ni à décrocher ‎un emploi stable au sein de l’entreprise accueillante au terme du stage, que pour les entreprises ‎qui peinent à trouver le profil idéal même après des mois d’investissement dans la formation et ‎l’encadrement. Selon une étude menée par le ministère de la formation Professionnelle et de ‎l’emploi en 2017 sur les jeunes bénéficiaires des programmes d’emploi SIVP , le taux d’insertion ‎dans l’entreprise accueillante suite au premier stage SIVP est de 15% seulement contre 26% ‎renouvellement du stage pour 12 mois et 60% fin du contrat. La rupture est due souvent aux ‎conditions de déroulement du stage comme le non-respect de l’indemnité complémentaire ‎octroyée par l’entreprise, l’inadéquation du poste de travail avec la formation acquise à l’université, ‎des problèmes de communication..La même étude montre que 52% des jeunes bénéficiaires de ‎programmes d’emploi occupent des emplois qui ne correspondent pas à leurs qualifications ,et ‎que ce sont les compétences techniques et professionnelles (52%) que les entreprises ont pu ‎apporter aux plus aux jeunes diplômés au détriment des compétences légères à l’instar des ‎aptitudes personnelles ( 10%),des compétences en communication (9%) et des capacités de ‎gestion (12%) qui jouent un rôle primordial dans l’épanouissement professionnel et la gestion de ‎carrière.‎

Selon des statistiques de l’ONEQ publiées en 2012, tous programmes confondus, le taux ‎d’intégration est de 42% dix-huit mois après la fin du programme, alors qu’il n’était que de 20% six ‎mois plus tôt. Des performances relativement bonnes mais qui ne répondent toujours pas ‎efficacement aux besoins du marché du travail qui accuse un taux de chômage des jeunes diplômés ‎de 30%. Ces mesures conçues par l’état afin d’inciter les entreprises à recruter les jeunes en ‎allégeant les charges sociales et en participant à la rémunération octroyée par l’entreprise, ‎s’avèrent incapables de trouver un remède au déséquilibre structurel entre l’offre et la demande ‎du travail et profitent plutôt aux entreprises qui en font un modèle économique servant à réduire ‎les coûts sans pour autant pouvoir satisfaire leurs besoins en terme des compétences. En témoigne ‎le taux élevé des bénéficiaires du contrat SIVP qui viennent remplacer le départ des autres ‎stagiaires qui ont achevé leurs stages (environ 60%).En fait, plusieurs entreprises profitent du ‎programmes SIVP en remplaçant un stagiaire par un autre pour un poste d’emploi qui devrait être ‎occupé par un salarié avec un contrat à durée indéterminée.‎

Les politiques d’emploi : dispositif à réformer‎

Le chômage endémique qui frappe une partie considérable de la population active nous amène à ‎nous interroger sérieusement sur l’efficacité des politiques suivies par l’Etat pour booster le ‎marché du travail et optimiser l’exploitation de ressources humaines. Aussi, les statistiques ‎fournies par le ministère de la formation professionnelle et de l’emploi sur le bilan des mesures ‎d’incitation à l’emploi ne donnent pas d’indications sur des éléments importants tels que la qualité ‎des emplois trouvés, leur durabilité et si ceux-ci correspondent vraiment aux compétences et aux ‎attentes des jeunes ayant bénéficié des programmes. Un système d’évaluation rigoureux, basé sur ‎des analyses détaillés et menés sur le long terme devrait être mis en place afin d’évaluer l’impact ‎des politiques d’incitation à l’emploi sur le marché du travail et de faire la lumière sur les coûts des ‎mesures adoptées par rapport à leur rentabilité. Parallèlement, un dispositif de suivi d’entreprises ‎bénéficiant de ces avantages devrait être établi pour examiner les conditions de déroulement des ‎stages et veiller sur le respect des règles et des procédures régissant la mise en place des mesures ‎d’incitation à l’emploi. Aussi, Les visites périodiques de bureaux d’emploi aux entreprises devraient ‎être renforcées pour suivre le développement des compétences des stagiaires et leur avancement ‎sur le plan professionnel. Étant donné que l’inadéquation entre l’offre et la demande est le vecteur ‎principal du chômage des jeunes, un partenariat public-privé doit être établi pour identifier les ‎besoins du marché en terme des compétences et réduire le gap entre les qualifications de ‎demandeurs d’emploi et les exigences de l’entreprise afin de canaliser, cibler et optimiser ‎l’utilisation des mesures d’incitation à l’emploi. Une optimisation susceptible d’assurer la stabilité ‎du marché et de rendre les mesures adoptées plus rentables au lieu d’être un palliatif au chômage.

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‎(1) SIVP (Stage d’insertion à la vie professionnelle) : L’objectif de ce stage est d’aider ses ‎bénéficiaires à acquérir des compétences professionnelles qui leur permettent de s’intégrer sur le ‎marché du travail. Il est dédié aux diplômés de l’enseignement supérieur (depuis au moins six ‎mois) à la recherche d’un premier emploi. Pendant la période de stage (maximum 24 mois), l’ANETI ‎fournit au stagiaire une indemnité mensuelle de 150D (200D à partir d’Août 2019) en plus de la ‎subvention complémentaire octroyée par l’entreprise accueillante.‎

‎(2) CIDES (Contrat d’insertion des diplômés de l’enseignement supérieur) : Le contrat CIDES ‎permet à ses bénéficiaires d’acquérir des capacités professionnelles leur permettant de s’intégrer ‎sur le marché du travail. Il est dédié aux diplômés de l’enseignement supérieur en situation de ‎chômage depuis au moins trois ans. L’ANETI octroie au stagiaire une indemnité de 150D en plus de ‎la subvention supplémentaire octroyée par l’entreprise, et ce pour une période de 12 mois. Le FNE ‎couvre une partie des contributions de l’employeur à la caisse nationale de la sécurité sociale pour ‎une durée de sept ans.‎

(3) CAIP (contrat d’adaptation et d’insertion professionnelle) : Le CAIP permet aux demandeurs ‎d’emploi non diplômés d’acquérir des compétences qui leur font défaut pour s’intégrer sur le ‎marché du travail. La durée du contrat est de 12 mois pendant laquelle le stagiaire reçoit une ‎indemnité de 100 D de la part de l’ANETI.‎

(4) SCV (Service civil volontaire) : Le SCV permet à ses bénéficiaires d’acquérir des compétences ‎pratiques et un certain professionnalisme à travers le travail bénévole à mi-temps dans des services ‎communautaires. La formation est assurée par les associations ou les organisations ‎professionnelles. Le stagiaire reçoit une indemnité de 150D del’ANETI tout au long de la période de ‎stage (12 mois).‎

(5) Karama : C’est un contrat dédié aux diplômés de l’enseignement supérieur en situation de ‎chômage depuis au moins 12 mois. La durée de stage est de 24 mois pendant lesquelsd le Fonds ‎national de l’emploi rembourse à l’entreprise la moitié du salaire octroyé à l’agent recruté avec un ‎plafond de 400D, en plus de la prise en charge de la quote-part patronale dans la contribution ‎sociale avec un plafond de 600D.‎

* Dhouha NASRI est un cadre bancaire, diplômée d'un Bachelor of Business Management du prestigieux TBS - Tunisian Business School et d'un Master en Administration des Affaires de l'ISCAE - l'Institut Supérieur de Comptabilité et d'Administration des Affaires de Tunis.

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